Plus de 520 000 morts en Europe et 48 000 morts en France chaque année à cause de la pollution de l’air, c’est l’information que diffusent largement les médias ces dernières semaines.
• Est-ce une réalité ou un effet d’annonce lancé par une Agence ou autre organisation en mal de notoriété ?
• Qu’est-ce que c’est que cette pollution atmosphérique et d’où vient-elle, quelles sont ses conséquences ?
• Qu’en est-il pour Les Mesnuls et que faire ?
Pour comprendre la réalité du problème et de ses conséquences, malheureusement, il faut beaucoup se documenter, être un peu technique et, au risque d’être parfois ennuyeux, aller chercher les explications dans le détail. Mais l’information mérite d’être connue, il y va de notre santé, de notre qualité de vie.Sournoise, bien que nous la suspections de temps à autres, nous subissons la pollution de l’air tous les jours, elle nous concerne tous, pays industrialisés ou en développement. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle est responsable de plus de 7 millions de morts par an et de la disparition de 1,5 millions d’enfants de moins de 5 ans dans le monde, elle s’accélère au point de devenir critique. 90% de la population respire un air malsain.
En France, la pollution atmosphérique cause 48 000 morts par an et le Sénat pour sa part estime à 100 milliards d’euros les dépenses annuelles directes ou indirectes qui lui sont imputables (maladies, absentéisme et autres charges).
Depuis plusieurs années, nos gouvernements se sont emparés du sujet avec beaucoup plus de force qu’il n’y paraît et bon nombre de commissions, agences, comités, observatoires, commissariats, laboratoires, fondations, instituts, délégations, associations, réseaux et autres secrétariats ont été créés autour du sujet. Au niveau local ces travaux se traduisent par des « Plans de Protection de l’Atmosphère » – une enquête publique sur le sujet avait lieu ces derniers jours en l’Île-de-France. A notre niveau, pour l’instant, l’effet de ces travaux est encore assez peu visible, néanmoins les études et les données publiées sont riches et approfondissent notre connaissance des polluants eux-mêmes, de leurs origines, de leurs fréquences et de leurs conséquences sanitaires. Les normes s’adaptent à ces nouvelles connaissances.
Ce que l’on retiendra dans un premier temps de ces études :
• On entend par polluant_: les produits polluants (molécules) et les particules fines formées ou non de molécules toxiques.
• L’air intérieur des habitations peut être dans certains cas de 5 à 15 fois plus pollué que l’air extérieur et nous passons en moyenne 22 heures par jour dans des espaces clos ou semi-clos (logements, travail, loisirs en salle, boutiques, écoles, auto/transports).
• La densité urbanistique favorise la pollution atmosphérique (chauffage, transports, …).
• Les milieux ruraux ne sont pas épargnés par les phénomènes de pollution atmosphérique, au contraire.
• Grâce à une meilleure qualité de l’air, des millions de vies pourraient être sauvées et des maladies de type cardio-vasculaire, AVC et cancer pourraient être évités.
• A ceci s’ajoute l’explosion des maladies respiratoires et notamment des infections respiratoires aiguës et des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO).
Petite lueur d’espoir, contrairement à l’idée reçue, à l’exception de l’ozone, l’ensemble des polluants a diminué notablement à Paris (de -50%_à -80% sur certains polluants mais au global la pollution y reste au dessus des normes en vigueur).
Les polluants et leurs effets
Environ 70 éléments répertoriés polluants sont suivis et classés selon leur dangerosité d’exposition à court ou/et à long terme et sont parfois soumis à seuil de dose. En fait, les normes définissent non seulement des niveaux maximum de présence des polluants dans l’air mais aussi, selon leur dangerosité, les délais d’exposition maximum à ne pas dépasser par jour ou par année.
Les polluants atmosphériques sont d’origine soit humaine soit naturelle, ils proviennent également d’associations ; sous certaines conditions des composants tendent à se combiner pour en former d’autres, ce sont les polluants secondaires. Les plus connus sont l’ozone (O3) formé d’oxygène ou les oxydes d’azotes (NOx).
Ils peuvent avoir une action directe ou indirecte sur notre santé, comme par exemple le gaz carbonique (CO2) qui participe à l’effet de serre qui lui agit directement sur notre environnement.
Les particules fines
C’est sans doute l’un des gros sujets. Soyons clairs d’emblée, ces particules pour beaucoup sont classées « cancérigènes » notamment par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Elles sont partout et proviennent pour l’essentiel de l’érosion, des volcans, etc… ainsi que de tous les modes de combustion ou liés ou non à l’activité humaine (moteurs à combustion, centrales thermiques, chauffage, incendies, etc.). Elles sont identifiées sous les termes PM10 et PM2,5, respectivement d’une taille de 10 microns (taille d’une globule rouge) et 2,5 microns (taille d’une bactérie). Les études s’intéressent désormais aux microparticules (inférieures à 1 micron) et aux nanoparticules (inférieures à 0,01 micron).
Les composés organiques volatils
Les composés organiques volatils (COV) regroupent les polluants d’origine organique (constitués de carbone et d’hydrogène oud’un autre atome comme le chlore ou l’azote), ils ont une grande volatilité et se répandent donc très facilement dans l’air. On les trouve régulièrement à l’état naturel, comme le méthane dû à la décomposition des végétaux par exemple, mais viennent pour l’essentiel de l’industrie qui en est très utilisatrice (solvant, agent de nettoyage, vapeurs des carburants, conservateurs, vernis,…). Il sont toxiques et cancérigènes, nous en avons tous chez nous, dans nos intérieurs.
Les formaldéhydes
Ce sont des produits très solubles (composés proches du formol), ils appartiennent à la famille des COV mais méritent une rubrique particulière puisqu’on les retrouve un peu partout dans l’air et les liquides. Présents à l’état naturel, ils deviennent rapidement irritants pour les yeux et voies respiratoires, ils sont identifiés comme « cancérigènes avérés » en cas d’expositions répétées ou prolongées. Utilisés dans la fabrication des produits industriels, ils émanent de sources très variées : bougies, vernis, cosmétiques, mobilier, produits de construction (panneaux bois ou plâtre, peintures,…) et d’entretien, papiers ou textiles, fumée de tabac et de la combustion en général. Malgré un meilleur encadrement de l’utilisation des formaldéhydes depuis 2008, la moitié de nos habitations souffrent d’une concentration excessive de ces produits dans l’air.
Pollens et moisissures
Impossible de parler de la qualité de l’air sans évoquer les pollens et des moisissures en suspension alors que 20 à 30% de la population souffre plus ou moins gravement d’allergies à ces particules. D’une taille de 7 à 150 microns, ces « pollutions » sont saisonnières et dépendent de leur milieu naturel local. Chacun les connait, inutile de s’y étendre, toute foi gardons en tête leur action sur la santé.
Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (R.N.S.A.) étudie le contenu de l´air en pollens et en moisissures, il recueille les données cliniques associées.
La réglementation et la mesure
En France, la loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie (LAURE) du 30 décembre 1996 donne «le droit à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé». Depuis, la réglementation s’appuie sur les travaux et résultats de nombreux organismes mondiaux, européens, nationaux, locaux et corporatifs ou industriels (émissions automobile par exemple) d’où la difficulté d’harmoniser les lois et règlements qui en découlent. L’association RESPIRE fait ici un rapide mais détaillé résumé de la cascade légale sur le sujet.
En Europe, en Chine et aux USA les effets sanitaires et environnementaux de la pollution sont de mieux en mieux connus et les normes s’affinent. Bien qu’il n’y ait pas de consensus global, on retrouve quand même partout les mêmes types et méthodes de mesure. Les unités utilisées pour définir les teneurs de l’atmosphère en polluant sont le microgramme par mètre cube d’air (µg/m³), ses multiples ou sous-multiples et le nombre de particules par million d’unité ou par mètre cube (ppm ou ppm3).
Les mesures de la qualité de l’air sont très réglementées et déléguées par régions aux Associations Agrées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) regroupées au sein du réseau Atmo. Airparif opère en Ile-de-France, sa mission est de surveiller, informer, et comprendre les phénomènes de pollution via ses 70 stations mobiles ou fixes dont l’une est à côté de nous, à Rambouillet. Son site fourmille d’informations concrètes et utiles, c’est un peu notre météo de la pollution. Le consortium PREV’AIR quant à lui est chargé de collecter les données générées par les organismes habilités (INERIS, Météo France, CNRS, LCSQA) , de les compiler et de les publier.
On effectue les mesures grâce à l’utilisation de filtres, de capteurs chimiques , électrochimiques ou optiques.
Pour ce qui nous concerne, nous résumerons les polluants intérieurs et leurs principales caractéristiques sur le tableau suivants :et aux polluants extérieurs majeurs repris dans le tableau suivant :
Que retenir, que faire ?
Notre air intérieur ou extérieur n’est pas aussi sain qu’il le devrait, bon nombre d’irritations, de troubles, de lésions et de maladies lui sont imputables comme nous l’explique l’Association Nationale pour la Prévention et l’Amélioration de la Qualité de l’Air (Respire). Notre futur sanitaire et celui de nos enfants sont en jeu. Aujourd’hui qui accepterait encore d’avoir du plomb ou de l’amiante dans sa maison ou sur son lieu de travail ? Il en va de même pour l’atmosphère. Nous devons l’admettre ! Il y a vraiment un bénéfice sanitaire lorsque la qualité de l’air s’améliore.
Nous pouvons agir contre la pollution atmosphérique plus ou moins simplement, individuellement ou collectivement, gratuitement ou lors d’un achat, à l’intérieur ou à l’extérieur.
Quelques recommandations simples et de bon sens qui ne coûtent rien (ou presque).
A la maison
• Aérer toutes les pièces de vie au moins 5 à 10 minutes par jour, d’autant plus si vos peintures ou vos meubles sont récents (ce n’est pas cher et fait chuter considérablement la pollution intérieure et son humidité).
• Ne pas fumer dans la maison, c’est l’une des plus grosses pollution intérieure (là encore, ce n’est pas trop cher).
• Utiliser avec parcimonie les produits de nettoyage, ne pas les mélanger.
• Limiter les combustions non-indispensables (chauffages d’appoint, cuisine, bougies, encens, parfums, …)
• Éteindre les éclairages inutiles.
• Faire entretenir votre chaudière et ramoner votre cheminée tous les ans (comme c’est obligatoire).
• Éviter les feux de cheminée ouverte.
• Animaux et plantes sont de bons amis mais comme nous tous ils polluent notre intérieur. Penser à leur impact sur notre environnement.
En voiture
• Faire réviser son véhicule selon les prescriptions du constructeur (réduction des émissions)
• Vérifier les pneus, leur état, leur pression et retirer la galerie hors utilisation (consommation)
• Regrouper ses achats à l’extérieur (consommation et usure)
• Éviter les horaires et trajets encombrés.
Et surtout, en période de pic de pollution, il FAUT se conformer au mieux aux instructions de l’administration.
Enfin, pour ceux qui aiment les flambées, si il est un geste à faire pour notre environnement, c’est l’utilisation d’un poêle ou d’insert labellisé « flamme verte » (5 à 10 fois moins de CO et de particules, 70% de chaleur en plus).
Qu’en est-il pour Les Mesnuls ?
Pas de panique, mais à surveiller comme partout…
Nous ne sommes pas épargnés, transport, agriculture, chauffage et construction sont les plus gros pourvoyeurs de pollution atmosphérique. Les camions on le sait, on le voit. Mais engrais, transports aériens et maritimes éloignés de nous passent inaperçus, pourtant, portée par les vents, la pollution d’un bateau porte-container équivaut à celle d’un million de véhicules légers. Quant à la pollution intérieure, où que nous soyons, nous sommes tous sur le même plan.
Des relevés sont en cours, une carte présentant des niveaux de pollution de l’air observée sera éditée dans les prochains mois.
Qu’en est-il au niveau national ?
Des programmes nationaux ont été mis en place pour nous sensibiliser au phénomène de pollution de l’air
Les sites du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et du ministère des Solidarités et de la Santé vous informeront, outre sur les lois et règlements en vigueur (résumé sur le site de RESPIRE) , sur les projets et actions menés par le gouvernement. Ils proposent des guides en ligne sur l’air les programmes » un bon air dans mon école » ou » un bon air chez moi » et le « guide la pollution intérieure » en sont l’illustration.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) met en œuvre des politiques gouvernementales en matière d’environnement et de l’énergie et à ce titre propose de nombreux articles pratiques sur le sujet.
Néanmoins ces efforts sont insuffisants, déjà condamnée, la France est sur la sellette, la Commission européenne lui adresse un dernier avertissement (ainsi qu’à 4 autres pays) au motif qu’elle n’a pas remédié aux infractions répétées aux limites en matière de pollution atmosphérique PM10 et NO2. Un comble, nous respirons un mauvais air et nous allons payer pour ça!
Pour affiner le sujet,
Des dizaines (pour ne pas dire plus) de sites proposent leurs informations, analyses, résultats ou points de vue. Afin de rester factuel et technique, nous vous suggérons de visiter, outre les sites déjà cités, les sites suivants :