La photo ci-contre représente le cloître originaire de Saint Genis des Fontaines (Pyrénées Orientales) dans le parc du château des Mesnuls. Comment est-il arrivé ici et comment est-il reparti ?
Voici son histoire :
Depuis la Révolution de 1789, le cloître était devenu le siège d’une exploitation viticole, après sa vente, en 1796, comme bien national. En 1924, les trois sœurs héritières du cloître et des bâtiments contigus furent démarchées par un antiquaire parisien qui souhaitait acheter les colonnes et chapiteaux. L’antiquaire sculpta alors un certain nombre de chapiteaux et de colonnes supplémentaires, dans les mêmes marbres.
Ainsi put-il vendre deux cloîtres, certes plus petits que l’original :
– l’un fut installé dans le parc du château des Mesnuls, propriété du banquier Crissoveloni
- l’autre fut acquis par le Musée de Philadelphie (Etats-Unis d’Amérique)
Deux arcatures, trois chapiteaux, colonnes et bases furent données par le promoteur au Musée du Louvre. Les éléments du cloître restés sur place furent classés monuments historiques.
Après une première tentative infructueuse de rachat du cloître des Mesnuls, dans les années 1960, sur l’initiative de l’Etat, de nouvelles négociations, conduites à partir de Noël 1975 se sont avérées fructueuses. L’ambassade des Etats-Unis en France, consultée, ne laissant aucun espoir pour un retour des éléments transférés à Philadelphie, au demeurant dûment achetés alors, la pression fut donc focalisée sur les pierres des Mesnuls. Les négociations furent conduites parallèlement avec les héritiers Crissoveloni, propriétaires du château des Mesnuls, le ministère de la Culture et le ministère des Finances. Les démarches aboutirent en 1980 à un accord de principe qui fut confirmé en 1981. Les pierres du cloître furent récupérées et livrées à Saint-Genis le 23 octobre 1983 ; à la Noël 1985, le musée du Louvre consentit à « prêter » les trois colonnes et chapiteaux. L’ensemble fut réinstallé sur le site original dans la période 1986-1988. La restauration du cloître intervint, pour l’essentiel, en 1993-1994.
Lors du démontage des Mesnuls, une extraordinaire et heureuse surprise fut enregistrée : des traces de calepinage (technique de numérotation systématique des pierres lors du démontage d’un monument classé historique), posées sur chacune des pierres en 1926, se retrouvèrent sur la plupart des pierres installées aux Mesnuls.
Ainsi, l’essentiel des pierres authentiques était-il resté en France et, au terme de l’opération, se retrouve-t-il en son lieu d’origine et rigoureusement à sa place. Seuls manquent, installés aux Etats-Unis, les quatre chapiteaux médians. Les moulages pris à Philadelphie, en vue de leur reproduction, laissent à penser que seuls deux d’entre eux sont authentiques.