Un enjeu individuel et national.
Qu’on peut le déplorer ou qu’on s’en félicite, notre consommation numérique ne fait que croître ; les sous-préfectures ferment leurs services au profit de sites internet, les téléviseurs Ultra Haute Définition (4K) font leur apparition, nos documents se dématérialisent et se stockent en ligne (le cloud), nos appareils connectés se multiplient en proportion de nos familles, nos demeures s’automatisent et que dire de nos activités professionnelles ? Soins à domicile, éducation, travail, commerce, liens sociaux, désormais tout se fait en ligne et e n’est que le début. Une famille actuellement détient en moyenne 4 écrans (faites votre compte), elle en aura 10 en 2018 et 13 en 2022, en fait, on estime à 50 % par an l’augmentation de débit requis par un foyer. Plus impressionnant encore, l’agence Mc Kinsey France estimait en 2014 que « la France pourrait accroître la part du numérique dans son PIB de 100 Milliards € par an », pour atteindre 1000 Milliards € en 2025.
Fort de ces constats, l’État, au travers de plans successifs, le dernier en date le « Plan France Très Haut Débit » doté d’un budget de 20 Milliards d’euros principalement financé par l’état pour 3 Milliards €, le solde se répartissant par moitié entre collectivités territoriales et opérateurs privés (Orange, SFR, Free, Bouygues, …), a entrepris l’aménagement numérique du pays avec pour objectif la mise à disposition du Très Haut Débit à l’essentiel de la population française d’ici 2020 à 2025. Au plan local, la Stratégie Cohérente Régionale d’Aménagement Numérique d’Ile de France (SCoRAN) et le Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique 78 (SDTAN) en cours de révision, définissent les orientations, moyens et acteurs du projet. Le loi NOTRe d’août 2015 redéfinit les rôles et compétences des acteurs territoriaux ce qui ne devrait globalement pas remettre en cause le déploiement en cours néanmoins, la situation économique actuelle des collectivités semble conduire à des réorientations, comme on s’en doute, à la baisse. A l’heure actuelle, c’est un budget de 160 à 200 Millions € qui est prévu pour les Yvelines.
La traduction technique
Cet aménagement se traduit par le déploiement, en cours, de la fibre optique en France et, bien sûr, dans notre région, l’objectif premier étant de l’amener au pied de toutes les habitations : le FTTH2. L’encadrement technique a été confié à plusieures long fil de verre capillaire cerclé d’une gaine et d’une protection qui remplace avantageusement les fils de cuivre que nous connaissons tous. Les débits que la fibre peut acheminer sont dès aujourd’hui 5 à 50 fois plus importants que ceux proposés par les lignes téléphoniques (ADSL)3 et ce quasiment sans perte environ 0,25 décibel par kilomètre. De plus, ses coûts d’entretien sont faibles. Certaines solutions mixtes (FTTx)4, alliant la fibre aux réseaux traditionnels cuivre ou au câble offrent des caractéristiques plus ou moins performantes en terme de débit et de fiabilité.
Comment sommes-nous concernés aux Mesnuls ?
Malheureusement la fracture zone urbanisée / zone rurale risque de s’amplifier dans ce domaine comme dans bien d’autres d’ailleurs. Les territoires à forte densité sont traités en priorité. 54 communes du département, dont Les Mesnuls, sont considérées en difficulté (numérique, s’entend ) avec des débits théoriques allant de 2 à 30 Mbit/s5. Il leur serait proposé une solution pré-FTTH avant 2017 avec la possibilité d’être raccordé en fibre après 2020. C’est bien là que le bat blesse. Le pré-FTTH ou MeD6 ne peut être acceptable que si les débits théoriques fournis sont de l’ordre de 100 Mbit/s sur la totalité des Mesnuls. Pourquoi souffririons-nous un internet moins performant que celui disponible à Levis-Saint-Nom ou à Montfort ? Une fourniture de 30 Mbit/s peut paraître satisfaisante à ceux qui ne disposent que de 3 Mbit/s aujourd’hui ; utilisez un téléviseur 4K et un téléphone et c’en est fini d’internet, retour à la case départ. De plus, qui peut croire sérieusement que les aménageurs vont « à demi » nous équiper maintenant puis y revenir à peine quelques années plus tard ?
Le sujet est essentiellement technique, quantifiable et prédictible, il est impératif d’adopter dès aujourd’hui une attitude proactive. Nos communes doivent se doter, jusqu’à l’achèvement des travaux, d’un référent, non pas vaguement informé, mais l’intransigeant défenseur de nos intérêts, un véritable lobbyiste agissant inlassablement auprès de tous les décideurs et aménageurs. Ne pas développer la fibre à 100 Mbit/s maintenant serait un échec aux lourdes conséquences pour le futur de nos villages avec en prime un impact désastreux sur la valeur de nos habitations. Les mois à venir seront déterminants pour notre avenir numérique commun, nous ne devons pas manquer ce rendez-vous, restons exigeants sur le sujet.
(1) Rapport Mc Kinsey France – Accélérer la mutation numérique des entreprises (2) Fiber To The Home (la fibre jusqu’à l’habitation) (3) Internet via le cuivre (téléphone) (4) Fibre optique + cuivre ou câble sur les derniers mètres (5) Mégabits par seconde (6) Montée en Débit