La découverte
La villa gallo-romaine de La Millière, située sur la commune des Mesnuls, à l’orée de la forêt de Rambouillet, n’était
pas une exploitation agricole ni même une habitation permanente mais semble-t-il une résidence secondaire, voire un pavillon de chasse. Ces ruines, adossées aux pentes fermant la vallée de la Guyonne à la limite de la prairie et de la forêt, ont été découvertes en 1964 par Monsieur François Zuber, au cours d’une recherche de voies romaines et grâce à l’observation d’anomalies végétales. En effet, le buis et la mercuriale vivace y poussaient en abondance sur une aire rectangulaire parfaitement délimitée où ces plantes étrangères au massif de Rambouillet montraient par leur présence qu’elles trouvaient à cet endroit précis le calcium indispensable à leur métabolisme particulier, calcium qui ne pouvait leur être fourni que par la chaux de maçonneries enfouies.
Le bâtiment
C’est un rectangle de 30 m sur 15 m (soit une superficie de 450 m2) à grand axe orienté est-ouest. Il est divisé en
quatre parties :
1. une galerie occupe toute la longueur de la façade nord et domine la prairie d’une hauteur de 3 à 4 m,
2. au centre, une salle de 6,45 m sur 9, 45 m avec une très large ouverture sur la galerie,
3. à l’est, un ensemble de 10 m sur 9,45 m formé de deux pièces,
4. à l’ouest, un autre ensemble de quatre pièces ayant une unique ouverture sur la galerie et formant un appartement de 11 m sur 9,45 m ; l’une de ces pièces comporte un « hypocauste », c’est-à-dire un système de chauffage par le sol.
Le matériel recueilli permit de dater l’édifice du début du IIe siècle après J.-C. et sa destruction de la fin de ce même siècle.
Les enduits peints
Tous les murs intérieurs ont été revêtus d’enduit peint ainsi que la façade sur la galerie. Sur le mur sud, subsistaient des éléments de fresques encore en place, où, au-dessus d’une plinthe mauve, apparaissait, sur un fond noir, la partie inférieure d’une suite d’animaux : deux gros oiseaux, probablement des rapaces, et les pattes de deux mammifères bondissants. Les fragments d’enduit retrouvés dans les éboulis des murs ont permis d’augmenter ce défilé d’un grand cerf, et d’éléments d’une biche et d’un chevreuil. Ces animaux passaient entre des végétaux verts en touffes.
L’hypocauste
L’hypocauste a 2,60 m sur 2,68 m. Sa fosse, profonde de 43 cm, comportait 25 pilettes disposées en cinq rangées. Une ouverture dans le mur ouest permettait l’entrée de la chaleur. La fumée était évacuée par une cheminée située dans l’angle sud-est de la fosse. Un dais de torchis formait une voûte d’arêtes richement décorée. Des éléments de quatre visages humains ont été trouvés dans la fosse. L’un, en très bon état, est accompagné d’épis de blé (la fresque dite de l’été exposée au Musée des Antiquités Nationales à Saint Germain en Laye), un autre de fleurs, le troisième d’oiseaux. Ce sont, de toute évidence, des Saisons, motif fréquent en mosaïques mais encore
inconnu sur fresque en Gaule.
Conclusion
La villa gallo-romaine de la Millière est exceptionnelle pour plusieurs raisons. Par ses dimensions, sa situation, ses aménagements, elle ne semble pas être une exploitation agricole et c’est pourquoi on la qualifie de résidence secondaire. La partie la plus passionnante de cette villa est la pièce à hypocauste couverte d’une voûte d’arêtes. La voûte d’arêtes de la Millière est la seule à but uniquement esthétique. Sa décoration, l’allégorie des saisons, bien dans l’esprit naturaliste de l’ensemble est également unique en Gaule actuellement. Cet ensemble constitue un important jalon dans l’histoire de l’art architectural et décoratif de l’époque galloromaine.